Du 7.2.2020 - 28.3.2020 On connaît Isabelle Favre la photographe, ses photoreportages pour la presse romande, ses contributions à l’Enquête photographique valaisanne, une femme tout en lumière.
On découvre ici qu’il y en a une autre qui, depuis près d’une quinzaine d’années, explore le noir.
dérive résulte de ce voyage, qu’elle a choisi de vivre en plein.
Au début de l’été 2019, Isabelle Favre embarque sur son voilier. Elle y passera huit mois, posant rarement pied à terre. La dérive lui offre un détachement devenu nécessaire.
Entre l’embouchure du Rhône et Villeneuve, guidée par la lumière, elle se laisse absorber par le marécage, nourrir par cette végétation exubérante qui ose le chaos, animer par une énergie originelle.
La nature régne en maître, la présence humaine est furtive, le silence jouissif.
Sur feuilles de rhodoïd, l’artiste grave ces magmas de fibres, végétaux incontrôlés que rien n’inquiète, ni le paraître, ni la fragilité, ni le temps. Entre noirs et blancs, pleins et vides, lignes et ondulations, envols et stagnations, le trait de l’artiste cherche l’équilibre dans le détail, trouve cette force presque inquiétante qui, hors de toute norme, insuffle la vie.
La photographie est là aussi. Le cadre s’élargit. La lumière décide. Isabelle Favre saisit. Ni flash ni retouche. Il en naît des instants d’une indomptable beauté, audacieux et sauvages, qui se rient de la perfection.
L’exposition met en scène ces deux langages. Au rez, une quinzaine de gravures. A l’étage, une dizaine de photographies. Et quelques rencontres.
Celle de Sacha Nicolet, poète de rue qui l'accompagne quelques jours et lui lègue une poésie fractale, petits papiers colorés.
Celle du Musée d’histoire naturelle de Genève, où l’artiste fait connaissance avec le Grand-duc, l’écureuil et d’autres encore, qui l’ont sans doute accompagnée durant sa dérive, mais que le végétal a supplanté. Alors l’artiste les met en lumière et leur rend presque vie, hommage du moins, les invitant ainsi dans sa danse.